Histoire
Photo©Jean-Luc Ray
L'initiative de la création de la Fondation revient à son Président, Patrice Engelberts. Il est né en janvier 1947 à Lausanne, fils d'Edwin Engelberts et de Claire Lise Mercier.
La famille a quitté la capitale vaudoise en novembre 1947 pour s'installer dans une belle villa de maîtres à Mies. Le jeune Patrice a été élevé dans une atmosphère artistique. Musique, littérature et arts plastiques faisaient partie de son univers. Mais sa vocation était la médecine. Il a obtenu le diplôme fédéral de médecin en 1975. Par la suite il s'est spécialisé en psychiatrie et psychothérapie et a ouvert son cabinet, à Mies, dès l'automne 1985. Il continue à exercer son métier de psychiatre à temps partiel.
Élu Conseiller communal de 1982 à 1994, il a pris goût à la politique locale. Puis, dès 1994, il a accédé à la fonction de syndic de la commune de Mies. Son mandat s'est terminé en juin 2011.
C'est dans une tradition familiale de mécénat qu'en 2009, Patrice Engelberts a décidé de créer la Fondation Engelberts pour les arts et la culture, dont le but principal est d'aider à faire connaître des artistes émergents talentueux.
Edwin Engelberts
(1918 - 1998)
« Le temps est un enfant qui joue. Tout est devenir. » Edwin Engelberts, grand nom genevois de l'édition d'art à laquelle la Ville vient de rendre hommage, fait sienne la dynamique phrase d'Héraclite d'Ephèse. Ce n'est pas un hasard. Son cheminement tient à cette passion indestructible du moment présent ébloui par de grandes rencontres.
Là où l'être humain a habituellement des velléités, Edwin Engelberts a des preuves. Son édition de la « Lettera amorosa » de René Char illustrée par Georges Braque s'impose par une sensibilité d'une rare évidence. Publiée en 1963, elle est un puissant instant de réalisation dans le parcours d'Edwin Engelberts qui a « toujours voulu créer une oeuvre de peinture. » C'est avec ce désir qu'il étudie les beaux-arts à Lausanne, puis découvre tous les trésors des incunables en travaillant, jeune homme, en librairie. Vient alors une parenthèse soldatesque: ce Hollandais né à Java, échoué en Suisse à l'âge de 10 ans, devenu citoyen helvétique en 1940, ne tardera pas à payer son tribut d'intégration en restant cinq ans sous les drapeaux.
Belle rencontre
Devenu galeriste réputé, il aura fallu à Engelberts, cette rencontre privilégiée avec Georges Braque, en 1957, pour que son rêve d'éditeur d'art prenne corps. Un corps d'une beauté et d'une clarté intérieure sans égales qui a pour nom la « Lettera amorosa ». Sur ce fameux poème de René Char, ami de longue date d'Edwin Engelberts, Braque laissera voguer son imaginaire « dans les silences de la page qu'on tourne .» Dans toutes les oeuvres qui ont suivi cette réalisation, de Miro à l'artiste romand Lecoultre, le principe est resté fidèle à lui-même: l'image sera toujours subordonnée au texte « support de la pensée. »
Ville d'adoption
« S'il parle de l'image comme d'« un langage universel », l'amour de la lettre est aussi intense chez Engelberts que celui de l'art. Ses catalogues raisonnés qui ont jalonné pendant trente-cinq ans les expositions élaborées dans sa galerie de la Grand-Rue en sont le signe. Certains catalogues, comme celui consacré à Max Ernst, ont servi de support à des publications du Cabinet des estampes. Ce n'est pas le seul lien qu'Edwin a tissé avec sa ville d'adoption. Depuis des années, il a fait don d'oeuvres nombreuses à la Ville de Genève, qui possède, entre autres, un exemplaire de toutes ses éditions.
Humble et mécène
Vendredi dernier, les autorités, ont à leur tour rendu hommage à cet esthète qui sait toujours aller au bout de ses passions, en lui remettant la médaille vermeil « Genève reconnaissante ». Aux compliments que lui a adressés René Emmenegger, conseiller administratif chargé de la culture, Edwin Engelberts a simplement répondu: « Je suis un fleuve dans le fleuve qui passe. Sans l'amitié et la sensibilité qui ont réuni certains artistes à un certain moment, je n'aurais jamais pu être le « chef d'orchestre » de leurs oeuvres.
(article paru dans la Tribune de Genève en 1988)
Claire Lise Mercier
(1923-2003)
Née en 1923, Claire Lise Mercier a passé sa jeunesse à Lausanne où l'un des membres de sa famille a construit le funiculaire Lausanne-Ouchy. Son mariage avec Edwin Engelberts eut lieu en 1944 et de leur union naquit Patrice, l'actuel syndic de Mies.
Son arrivée à Mies remonte en 1947 avec l'acquisition de la propriété Prémyes. Cette demeure du XIXème siècle s'ouvrit alors à l'art. Ce fut le siège de la Société Nicolas Rauch et Edwin Engelberts, spécialisée dans les anciens livres. Plusieurs artistes ont été accueillis et soutenus dans les années 50. Ce fut le cas pour deux musiciens hongrois réfugiés, devenus par la suite de brillants violonistes. Jean-Marie Auberson, Karl Engel et Jean Piat ont également été reçus à Prémyes. La générosité de Claire Lise Mercier a été empreinte de tact et de discrétion. Atteinte dans sa santé lors de la dernière étape de sa vie, elle s'est alors tenue en retrait. Malvoyante et passionnée de littérature, elle a eu recours à des lectrices et à un lecteur. Après quelques hospitalisations, elle a fait un court séjour à La Clairière avant son décès, le 17 mai dernier dans sa 80ème année.
Parrainage
Jean Piat
(1924-2018)
La Fondation est très honorée d'être parrainée par le célèbre acteur et écrivain, Jean Piat, qui a eu la gentillesse de nous écrire le texte suivant:
" J'ai rencontré Claire Lise Mercier et Edwin Engelberts dès 1949. Déjà, ils avaient recueilli chez eux, deux merveilleux violonistes hongrois, Elise Cserfalvi et Arpad Gerecz, que des évènements politiques avaient contraint de quitter leur patrie.
Et d'années en années, PREMYES, la maison de Claire Lise et Edwin, devint le lieu de rencontre de musiciens, de peintres, d'écrivains, d'acteurs, dont l'un allait devenir Jean-Luc Bideau ! De Nicolas Rauch, expert amoureux des livres anciens, à Karl Engel, pianiste, à Jean-Marie Auberson, chef d'orchestre, et Baldo Guberti, un peintre italien ! Jusqu'à une violoncelliste, venue d'Amérique pour nous faire découvrir sur son instrument - qu'elle grattait comme une guitare - le Folk Song !
Le goût des mots et des sons, comme des paysages, permettait à chacun d'exprimer sa passion en toute liberté.
Le temps a passé...
Le fils d'Edwin et de Claire Lise, Patrice Engelberts, crée une fondation pour prolonger le souvenir de l'un et de l'autre. Comment ne pas souscrire avec foi à cette initiative ?...
Un seul voeu : qu'elle permette au-delà de la mémoire, l'éclosion de nouveaux talents. "
Jean PIAT
Paris, le 30 mars 2010
Marthe Keller
Entre notre rencontre avec Marthe Keller et le privilège de l'avoir pour marraine, se sont noués des liens sincères entre cette grande comédienne et notre Fondation. Cette belle histoire débute fin juin 2013, à Lausanne, lors de la présentation du travail des étudiants de 2ème année de l'école de théâtre Les Teintureries (volée 2011-2014 dont fait partie Aurore Faivre, soutenue par la Fondation dans sa formation). Reconnaissant Marthe Keller dans les spectateurs présents, notre Président, Patrice Engelberts, muni d'une carte de visite de la Fondation, n'hésite pas une seconde à aller la saluer. Marthe Keller lui apprend qu'elle donne des cours dans cette école et félicite le travail de la Fondation qu'elle est heureuse de découvrir.
Le 1er août 2013, Marthe Keller s'apprête à laisser un message sur le répondeur de la Fondation, pour parler du travail de Stéphanie Daoud (voir la rubrique des soutiens). Mais à sa grande surprise Valérie Richter, Secrétaire de la Fondation, est présente au bureau et décroche le téléphone. S'en suit une rencontre rapide mais chaleureuse à Verbier, puis une autre à Mies, quelques semaines plus tard, dans les locaux de la Fondation et enfin, le 6 février 2014, une magnifique soirée à la Fondation, dont les superbes prestations artistiques et humaines qui nous ont été offertes ce soir là nous laissent un merveilleux souvenir. Marthe Keller nous ayant fait part de son vif intérêt pour la Fondation et son rôle joué dans le soutien aux artistes talentueux, nous l'avons sollicitée pour qu'elle en devienne la Marraine, ce qu'elle a accepté, avec enthousiasme et pour notre plus grande fierté. Nous lui en sommes vivement reconnaissants et l'en remercions de tout cœur !
Mies, le 11 juillet 2014