Gen Osten ... Berlin Haupstadt der DDR
En ce jeune deuxième millénaire de notre ère, une hypothèse, semblant peut-être saugrenue au premier abord, mérite d'être prise en considération : si l'on s'essayait à appréhender le "monde soviétique" comme une «civilisation», au même titre qu’une Aztèque ou une Maya, le «regarderait»-on autrement ? Durant sa courte existence, cette «civilisation» a en effet su produire un territoire, des villes, une économie, une hiérarchie mais aussi une psyché, une religion, une histoire et des mythes. Localisable sur une carte, sa géographie fut particulière : noyau russe, manteau de républiques soeurs, ceinture de pays satellites. Très matérialiste, elle a apposé sur le paysage ses multiples facettes, et même si ce monde s’en est allé, il demeure des traces bien visibles. Aujourd’hui, chaque pays réarrange ce passé à sa façon. Proche de sa frontière occidentale : Berlin, capitale d’un pays désormais évanoui. Que garde-t-on de cette Ex-Allemagne de l’Est ? Que reste-t-il de ses strates architecturales, urbaines, monumentales dans la ville ? Qu'en fait-on ? Comment en dispose-t-on ? Tel un «archéologue du futur» étudiant l’usage des espaces, «Gen Osten...Berlin Haupstadt der DDR» nous plonge dans une enquête inédite sur le devenir de bâtiments qui ont façonné la topographie de Berlin-Est. Qu’il s’agisse d’une ville militaire interdite, d’une tour émettrice d’ondes, d’un palais des ministres, d’une provision de statues ou bien d’un restaurant-dancing, le film dresse le portrait de ces monuments, oeuvres de la main humaine : en faisant corps avec leur architecture, leur esthétique et leur ambiance, mais aussi en écoutant leurs histoires à travers les témoignages de ceux qui les ont planifié, construit, transformé, détourné, habité, vécu. Ce miroir en négatif d’un monde «autre» ne pourrait-il pas résonner en nous et nous offrir l’opportunité de saisir d'une manière renouvelée notre monde actuel ?
Aurélie Doutre
Aurélie Doutre (1978, France) est diplômée d’un BTS audiovisuel, spécialisation Image (LISA, Angoulême), d'un diplôme HEA Arts Visuels, section cinéma (HEAD Genève) et d’un Postgrade cinéma documentaire «topographies du réel» (HEAD Genève) sous la direction de Jean-Louis Comolli et Claudio Pazienza. Elle travaille sur support pellicule film et sa recherche est principalement axée sur la notion de l’altérité. Ses courts-métrages ont été présentés dans des festivals tels Locarno, Karlovy Vary ou Angers, et son travail de performances AV dans des festivals tels que Mapping (Genève) ou Fusion (Lärz, Allemagne). Professeure-assistante à la HEAD puis programmatrice au cinéma Spoutnik, fondatrice du laboratoire de développement expérimental Minilab (Genève), elle se consacre désormais entièrement à son travail de cinéaste plasticienne. Elle est actuellement en bourse et résidence de 6 mois à Berlin (DIP Genève). En savoir plus