"Les Danses monodiques" de Turgay Atamer
Les « Danses monodiques » sont le fruit d’une commande que m’a passé en mars 2012 le quatuor à cordes « 4elles», composé de Rada Hadjikostova (violon), Camille Stoll (violon), Marion Rolland (alto) et Katerina Gancheva (violoncelle). Leur demande était ainsi formulée : « Nous aurions besoin d’une œuvre aux consonances balkaniques, voire venant d’un peu plus à l’Est encore, aux contours orientaux, pour compléter notre programme constitué d’œuvres de Dmitri Chostakovitch et Liubomir Pipkov. » J’étais justement à cette période dans une phase où mon inspiration m’avait plongé dans mes origines turques. Il n’y avait que peu de temps que j’avais composé pour violon et guitare une pièce intitulée « Ode à Fatih Sultan Mehmet » dans laquelle j’avais exploré les rythmes irréguliers et les longs mélismes monodiques propres à la musique classique turque. L’opportunité d’écrire pour un quatuor à cordes avec une approche identique m’avait séduit et c’est avec enthousiasme que je me mis à écrire le Préambule (largo) qui comporte deux parties : La 1ère partie est un hommage au grand architecte ottoman Sinan, dont l’œuvre nous rappelle la splendeur des édifices de l’âge d’or de l’Empire ottoman tels la mosquée Süleymaniye à Istanbul ou la mosquée Selimiye à Edirne. L’écriture reste quasiment monodique et nous renvoie, par des tableaux qui se succèdent, à cette architecture innovatrice. Dans la 2ème partie, je me suis inspiré des somptueuses mosaïques byzantines qu’on retrouve, entre autres, dans la basilique Sainte-Sophie, notamment celle du Christ pantocrator, en superposant les rythmes ternaires et binaires, et en transformant progressivement le discours monodique en jeu polyphonique. La 1ère danse (allegro robusto), au tempo fougueux et aux enchaînements rythmiques contrastés, évoque la surprise des Byzantins assiégés par les Ottomans en 1453. Le 2ème danse (adagio), aux traits nostalgiques, est une profonde méditation qui nous invite au recueillement sur les thèmes de la paix et de la tolérance. Dans la 3ème danse (allegro vivo), j’ai traité le matériau musical à caractère oriental avec une technique de composition occidentale. C’est ainsi que la plus courte des quatre pièces clôture les « Danses monodiques ».
4elles
Les 4elles forment un quatuor à cordes classique (deux violons, un alto et un violoncelle). Ses membres sont : Rada Hadjikostova et Camille Stoll, violons – Marion Rolland, alto – Katerina Gancheva, violoncelle. Elles se sont connues lors de leurs études aux Conservatoires (actuellement HEM) de Lausanne et Genève, où elles ont suivi un cursus jusqu’à la virtuosité ou diplôme de soliste. Elles partagent leur temps entre des remplacements dans des orchestres professionnels de la région (OSR, OCL, OCG, etc.), l’enseignement dans des Ecoles de Musique (CMG, CPmdt, Clem) et la musique de chambre, notamment le quatuor qu’elles pratiquent ensemble depuis 2008. Leur répertoire est vaste, de l’époque Baroque (Vivaldi) aux compositeurs du XXe siècle (Schostakovitch, Piazzolla). Elles se produisent régulièrement à l’occasion d’événements festifs (mariage, cocktails d’entreprise, etc.) ou lors de concerts privés de musique de chambre. En 2013, elles ont aussi produit un spectacle musical jeune public « Le Génie de la Boîte de Raviolis », tiré d’un album d’Albertine et Zullo, avec le comédien Lionel Frésard. Créé au Théâtre de l’Echandole, ce spectacle a remporté un vif succès (tournée à Fribourg, Monthey et Neuchâtel) et sera repris en 2016. Lors du concert à la Fondation Engelberts le jeudi 8 octobre 2015, les 4elles interpréteront un programme varié (présenté également au Théâtre des 50 à St-Jean de Gonville – France): le Divertimento KW 138 de Mozart, une création de Turgay Atamer (compositeur turco-suisse) aux influences balkaniques et le fameux quatuor no8 de D. Schostakovitch accompagné de quelques explications historiques et musicales.